Souvenir de shoot pendant un après-midi de vacances

J’avais environ 15 ans, soit en 1987, et nous étions partis avec mes parents à Royan, une si belle ville avec ses plages magnifiques de sable fin. Si le cadre était certainement idyllique pour des vacances d’été, il faut prendre en compte que j’ai vécu toute mon enfance au bord de la mer, et qu’il faut bien avouer que bien souvent je m’y embêtais très fermement, surtout à cet âge là où je cherchais beaucoup à développer mes expériences dans le numérique.

Aussi, chaque occasion de pouvoir « fuir » la plage et son ennui étaient pour moi très importantes, et je cherchais donc sans cesse des excuses pour éviter de passer toute la journée à « bêtement » rôtir au soleil. Or, j’avais déjà bien goûté au monde merveilleux des machines d’arcade, et c’est avec un grand soulagement que j’entrevis une petite salle d’arcade estivale, installée ici sur le bord de la plage certainement que pendant les vacances, avec de nombreuses bornes.

Alors que je faisais le tour de la douzaine de bornes (de tête) disponibles dans cette petite salle, je découvrais ce shoot them vertical qui allait revêtir une importante place dans mon cœur. Il n’y avait pas vraiment foule dans cette salle, mais ici et là des couples, enfants également ou adultes s’adossaient aux saintes bornes pour y jouer. Je n’avais que quelques francs en poche, peut être 6 ou 8 francs, et les parties étaient à deux francs. Je n’avais donc de quoi lancer que 3 ou 4 parties d’un jeu pour m’amuser ici, avant de revenir la manette entre les jambes (haha) vers la si ennuyeuse plage de mes parents. Bref, chaque partie et chaque minute de jeu étaient très importantes pour moi, me permettant d’être libre de jouer ou faire ce que je voulais avec mon temps libre. Alors, je fis une première partie de ce shoot them up plutôt simple mais plaisant, avec ces graphismes mignons. La partie fut terminée en quelques minutes car je ne connaissais pas du tout ce jeu.

Mais la seconde partie fut beaucoup plus intéressante. Me sentant acculé, avec le peu de crédits en poche, et le temps jouant contre moi, je décidais de polariser toute mon énergie, tout mon talent de joueur de jeu vidéo de l’époque, sur cette borne. L’étape de fin de la première partie fut rapidement dépassée, me permettant de découvrir les quelques 10 stages du jeu jusqu’à ce qu’arrive enfin à .. la fin de celui-ci. Nom de Dieu, je l’ai terminé ! Wouah !

Le jeu recommence dès lors, peut-être en difficulté accrue, je vous avoue que je ne m’en souviens pas très bien pour l’heure. La partie dure, les minutes s’enchainent inexorablement comme les stages et les bosss, je termine une seconde fois le jeu, avec cette fois-ci un grand nombre de vies de réserve, gagnés au fur et à mesure que le high score augmente, sans cesse. Wow !

Mais alors que je savourais intérieurement ma seconde grande victoire sur le jeu, toujours sur le même crédit, je me mis à regarder enfin autour de moi. Et ce qui s’est passé à ce moment là était incroyable. Presque toutes les personnes, joueurs, joueuses de la salle était en fait réunies autour de moi, observant la partie et les stages qui s’enchainaient. Ils étaient derrière moi, sur les cotés, partout, silencieux, absorbés peut-être, respectueux certainement de la performance. Je vous avoue que sur l’instant je n’ai pas bien compris ce qu’ils faisaient tous là, à observer l’écran, la manette, les boutons, mes mains, mon visage grave et rivé sur les pixels du jeu. Mais peu importe après tout, je n’ai pas terminé ma partie !

Alors, un troisième tour s’engage, les mêmes ennemis, les mêmes décors, le score dépassant largement je pense ce qu’avaient prévus les créateurs du jeu, le nombre de vies ne cessant de croitre. Le troisième tour se termine, je suis une nouvelle fois victorieux, rien ne semble ne pouvoir m’arrêter alors que les heures de jeu s’enchainent elles aussi.

Mais tout recommence, inexorablement, encore et encore, toujours la même chose, les mêmes réflexes, les mêmes ennemis, les mêmes pixels des mêmes couleurs aux mêmes endroits. Tout devient automatisme, tout devient ennui et lassitude aussi, il n’y a plus rien à découvrir malheureusement. Alors, à la moitié du chemin à peine du quatrième tour, je lâche la manette. Je lâche prise, mes vies s’envolent, la partie met du temps à se terminer puisque j’en avais tellement engrangé. Lorsque le Game Over libérateur s’affiche enfin, je recule de quelques pas de la borne, comme pour souffler, reprendre de l’oxygène, reprendre ma vie. Les personnes qui étaient présentes autour de moi se sont éparpillées très rapidement, en quelques secondes à peine et me revoila seul, à mon point de départ. Je regarde alors ma montre, il est plus de 17h00. Je suis rentré dans la salle vers 14H30 et je n’ai pas vu le temps filer, si ce n’est les décors sans fin du jeu.

Ce shoot them up plutôt mignon, c’est Air Raid de la firme Seibu, une firme qui allait devenir quelques années plus tard extrêmement célèbre avec les Raiden, et je remercie énormément Hicks sur le Discord de l’association MO5 de m’avoir permis de le retrouver !

Voici quelques infos sur des sites spécialisés :

https://raiden.fandom.com/wiki/Air_Raid

ou encore ici :

https://www.arcade-history.com/?n=air-raid&page=detail&id=48

Malheureusement, il y a très peu d’images disponibles sur le jeu en fonctionnement notamment sur Youtube, mais on peut trouver quelques vidéos de réparations de la PCB originale chez des collectionneurs :

Mais en parcourant ces rares vidéos disponibles, je me rends qu’il existe deux versions du même jeu : Air Raid par Seibu / Cross Shooter chez Taito (sous license en fait).

Il y a heureusement d’autres informations disponibles sur ce thread, où une carte d’arcade a été vendue il y a environ un an de cela à peine !

https://www.arcade-projects.com/threads/cross-shooter-taito-seibu.22576/

Retrouver toutes ces vidéos et témoignages a vite fait de faire ressurgir en moi d’avantage de détails encore de cet après-midi hors normes. Ce souvenir ne m’a d’ailleurs jamais quitté. Ce n’était non pas bien sûr l’importance d’avoir pu mettre en avant mes talents de joueur à l’époque, peu importe même puisque ce n’était pas l’effet voulu, mais bien parce que ce jeu d’arcade m’avait « offert » toute une après-midi de temps de vacances en me permettant de beaucoup m’amuser, le tout pour quelques francs à peine. Il s’était ouvert à moi et j’avais appris à le connaitre par cœur en quelques heures : Les vagues d’ennemis et leur danse, les bonus, les petites bottes secrètes pour vaincre plus rapidement un boss ou gagner plus de vies, plus rien ne m’était inconnu. Et pour les fans d’histoire du jeu vidéo, ou de leur création ou design, vous savez tout comme moi qu’apprécier, décoder tous ces composants interactifs d’un jeu vidéo, c’est joué avec l’esprit même de ses concepteurs. Et croyez moi, j’aimerais bien les rencontrer pour leur raconter mon histoire sur Air Raid, et voir leur réaction !

Maintenant, j’aimerais pouvoir y jouer bien sûr, retrouver certaines sensations, des images, des réflexes acquis à l’époque, mais malheureusement il semble bien mal émulé, avec de nombreux problèmes graphiques sur Mame par exemple. Quel dommage ! Il faudrait dès lors retrouver la PCB d’arcade originale, et j’avoue que l’idée me plait énormément à l’heure où j’écris ces lignes. Je ne t’ai pas oublié Air Raid et tout ce que m’as offert, alors, peut-être, laisse moi te retrouver et te sauver à mon tour ?

Bien à vous, Philippe « Prez » Dubois

Posted in Voyages intersidéraux.

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